Le Secrétaire général du Fsd-Bj Cheikh Bamba Dièye mériterait bien le surnom de « député du peuple ». Puisque son engagement au sein de l’Assemblée nationale n’est plus à démontrer. Sa voix solennelle qui rappelle, à bien des égards, celle de son défunt père, Cheikh Abdoulaye Dièye, résonne souvent à travers les ondes pour « plaider la cause des populations ». « Nous sommes élus par les populations pour défendre leurs intérêts », déclare-t-il.
Même s’il estime que pas mal de parlementaires ont aujourd’hui failli à leur mission. Cheikh Bamba Dièye est d’ailleurs l’un des rares députés à avoir partagé les révélations dont fait état le journaliste Abdou Latif Coulibaly sur « l’incompétence et le niveau très bas de la majorité des parlementaires ». « C’est la triste réalité à l’Assemblée nationale », confirme, avec regrets, le chef de file du Fsd-Bj. Qui s’indigne du fait que « tous les tripatouillages et les lois scélérates constatés au sein de la deuxième Chambre soient exécutés par les députés dont beaucoup ne maîtrisent pas le contenu des lois votées ».
Bamba Dièye veut ainsi marquer la différence et garder sa ligne d’indépendance. Comme toujours. « En intellectuel honnête », il n’a pas peur des critiques objectives. Et ne veut, pour rien au monde, renier ses convictions.
C’est peut-être parce qu’il ne se sent nullement visé par les propos d’ALC qu’il ne s’est pas mis, lui aussi, dans une colère noire. A l’image de certains de ses collègues qui ont vite fait de diaboliser le journaliste écrivain. Mais Bamba n’est pas du tout de la race de « ces parlementaires analphabètes et peu scolarisés ».
Ingénieur des Travaux publics, ce n’est pas rien quand même. Lui, il l’est depuis 1992, à l’âge de 27 ans. Puisqu’il est né plus précisément le 12 novembre 1965 à Saint Louis.
Cheikh Bamba Dièye a fait ses études au Sénégal et à l’étranger. De retour au pays, il a travaillé dans l’Aménagement du territoire, sous l’ombre de son père. C’est ce dernier qui l’a d’ailleurs initié en politique avec la création dès 1992 d’une Société civile dénommée « Front sauver sa dek » (Fsd) dont il était un des membres actifs. Cheikh Abdoulaye Dièye voulait, sous la bannière du Fsd, participer aux élections locales de 1996 afin de prendre les destinées de la commune de Saint-Louis.
Cependant, « l’architecture politique de l’époque ne favorisait pas les candidatures indépendantes ». Le « Front sauver sa dek » sera contraint de céder sa place au parti politique plus connu sous le nom du Front pour le socialisme et la démocratie-Benno joubel créé en 1995. Cheikh Bamba Dièye est élu conseiller régional en 1996 à la faveur des élections locales auxquelles ce parti prenait part pour la première fois.
De 1996 jusqu’en 2002, date fatidique du décès accidentel de son père, Bamba Dièye a occupé le poste de porte-parole de la formation actuelle qu’il dirige. Ce n’est qu’après cet évènement tragique qu’il est choisi à l’issue d’un congrès, tenu le 9 juin 2002 à l’Ecole nationale de développement sanitaire et social (Endss), comme étant le successeur de son père à la tête du Fsd-Bj.
« Une succession démocratique », souligne-t-il. C’est tout un concours de circonstances qui a donc propulsé l’homme au-devant de la scène.
Il a davantage pris des galons depuis les dernières élections législatives qui ont vu le Front pour le socialisme et la démocratie-Benno joubel retrouver son siège à l’Assemblée nationale après l’avoir perdu en 2001. Depuis, il n’a cessé d’impressionner grâce à ses fréquentes sorties médiatiques et ses questions orales à l’Hémicycle.
Cheikh Bamba Dièye tire un bilan satisfaisant sur les six ans passés à la tête du Fsd-Bj. A en croire M. Dièye, son parti ne cesse de se massifier. « Cela se vérifie même à travers les joutes électorales auxquelles a déjà participé le parti », insiste-t-il.
« En 2001, le Fsd-Bj a perdu son siège de député obtenu lors des élections de 1998, lors du scrutin présidentiel de 2007, nous avons eu 17.000 voix et 37.000 pour les législatives », se plaît-il à rappeler.
« Peut mieux faire »
Malgré ce bilan qui plaide largement en sa faveur, le Secrétaire général du Fsd-Bj pense « qu’il ne s’est pas encore donné à fond ». « Peut mieux faire », c’est la mention qu’il s’est lui-même décernée. L’homme est conscient qu’il doit davantage « combattre », surtout quand on veut accéder à la magistrature suprême. Car, contrairement à Cheikh Abdoulaye Dièye qui, « en retour, n’attendait rien de la chose politique », lui veut bel et bien concrétiser un idéal. Il ne s’en cache pas d’ailleurs : « mon objectif, c’est d’être président de la République », martèle-t-il à qui veut l’entendre. Pour cela, il compte « convaincre les Sénégalais à adhérer à son discours politique ».
Même s’il sait que « la tache est lourde et que, par les temps qui courent, l’homme politique en général, n’a plus la cote » au pays de la « Téranga ». « Redorer le blason des politiciens en montrant une autre image de la politique caractérisée au Sénégal par l’inconstance et le nihilisme tous azimuts » ; bref réconcilier ces derniers avec le peuple. C’est le défi qu’il entend relever. Dans le long terme bien sûr. Parce que Bamba Dièye est d’avis qu’entre ces « poloticiens » et les citoyens, le fossé ne cesse de s’agrandir. Ce qui est somme toute normal, selon lui.
« Durant 48 années de gestion socialiste et libérale, les promesses n’ont jamais été tenues », s’indigne-t-il. C’est pourquoi il veut rompre d’avec « cette façon trop machiavélique de faire de la politique ». En étant constant dans sa démarche et en respectant ses engagements vis-à-vis du peuple.
« Si nous gardons cette ligne, assure-t-il, cela peut amener les gens à s’amender et ça ne peut que valoriser la pratique politique dans notre pays ».
Ainsi seulement, espère-t-il, « les politiques pourront redevenir à nouveau des porteurs d’espoir ». Il regrette que « jusqu’à présent, les acteurs de la scène politique n’aient pas fait du développement du Sénégal leur cheval de bataille et que ce soient les postes ministériels qui aient fait la promotion des hommes ». Il affirme, bien entendu, se démarquer de cette façon d’agir.
D’autant qu’il ne compte pas sur la politique pour vivre. Contrairement à « beaucoup de collègues qui en ont fait leur gagne-pain ». Ses deux sociétés lui suffisent largement pour mener une vie décente. Seulement, il veut toujours garder les pieds sur terre en refusant de verser dans l’exubérance, la suffisance et l’arrogance. Comme cela est souvent le cas ici au Sénégal. On ne lui connaît pas de penchant pour les mondanités non plus, renseigne Cheikh Babou, un ami d’enfance, par ailleurs responsable politique du Fsd-Bj à Pékesse. Qui ajoute que comme lui, Bamba Dièye a été formé et éduqué selon la vision de leur guide spirituel Cheikh Laye pour qui l’argent et les choses matérielles ne représentaient guère grand-chose.
Pour ses moments de loisirs, il tue le temps dans la lecture, écrit des vers aussi bien en français qu’en wolof. Cheikh Bamba Dièye est monogame et père de quatre enfants.
12 novembre 1965 Naissance à Saint-Louis
Depuis 1992 Ingénieur des Travaux publics
9 juin 2002 Il succède à son père à la tête de Fsd/Bj